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19 mai 2007

Il écoutait chantouiller merveilleusement bien

Il écoutait chantouiller merveilleusement bien dans son autoradio. On lui avait dit de ne pas écouter ça en conduisant. C'était beaucoup trop joliment doux pour ne pas s'endormir. Il faisait clair. Il était tôt, beaucoup trop tôt pour ne pas s'endormir. Il faisait clair. Et quand il tournait la tête, il la revoyait les pied sur le tableau de bord. Ses cheveux remontés sur sa nuque, avec ses accroche-coeurs sur les oreilles. Il revoyait ses yeux très bleus, avec beaucoup de noir sur le cils. Ses collant multicolores, et sa bouche très rouge, sans maquillage. Elle avait ouvert la boite a gants et éclatait de rire : "Tu écoutes ça toi ?" _ Elle, elle aimait se bourrer les oreilles de décibels dans son petit manteau de cuir matelassé._ Elle avait rit. Et puis, elle avait dit qu'elle trouvait ça mignon. Elle avait mis le cd, et fermé les yeux. Après tout. Elle balançait des genoux.

"Arrête de regarder mes genoux" qu'elle avait dit, "J'ai les pires genoux du monde, tout bouffés de cicatrices, quand j'étais petite, je tombais tout le temps."

Il avait dit qu'il trouvait ça mignon. Elle avait tiré la langue. Il l'imagina dix secondes petite, avec de jolies joues et une tignasse bouclée. Il peinait a l'imaginer sans ses yeux plein de noir.

"Regardes la route eh l'rêveur"

Il voulait que ça dure. Il faisait presque clair maintenant. Elle avait fouillé la voiture. Elle avait trouvé un petit livre poussiéreux indéchiffrable. Il souriait avec la prière qu'elle ne trouve pas la liasse de dessin sous le siège. Elle l'avait trouvée, bien sur. Juste avant d'arriver. Alors elle avait embarqué les dessins. Elle avait sorti ses longues jambes comme une lionne.

"Ça caille" Il souriait encore.

Et maintenant il écoutait à plein régime le cd-douceur dont elle avait ri. Il serrait fort le volant. Son telephone vibrait furieusement dans sa poche. Il se gara en souriant.

"Non mais tu dessines foutrement bien"

"J'arrive" Elle riait. Il raccrocha.

Il arriva devant le porche qui donnait a son petit appartement. Il monta quatre à quatre les marches. Il avait envie de décibels. Il sonna, assez fier de lui, a la porte. Personne. Il sonna encore. Il n'entendait pas rire.

"Sors de là, je t'attends".

Alors il redescendit, penaud. Il remonta dans sa voiture, les yeux a demi-clos. Il monta le volume sur ses chansons d'idiot. Oh pour ça, il n'allait pas dormir. Il soupira. Puis ouvrit tout a fait le paupières. Elle n'avait plus que ses yeux très bleus, seulement bleus. Et les cheveux défaits, en boucles blondes sur son front. Elle riait. Il l'embrassa. Longtemps. Avec cette fille sublime qui chantait dans son autoradio.

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9 mai 2007

Cette fille sentait bon. Ses cheveux sentaient la

Cette fille sentait bon. Ses cheveux sentaient la mandarine, ses poignets la pêche, ses seins la mangue, ses jambes la chantilly, ses mains la framboise. Cette fille c'était une vraie tarte aux fruits. Et puis lui, il avait deux petits grains de beauté dans le col ouvert de sa chemise. Elle les mangerait comme il se bâfrait de sa peau aux fruits. Elle le savait, dès qu'il approchait, il se mettait juste derrière elle, en la respirant litteralement. Il le savait, dès qu'il était face à elle, il voyait remonter ses yeux le long de son cou jusqu'a sa bouche. Quand ils s'embrassèrent pour la première fois, elle avait un méchant goût de cerise. Elle posa deux doigts sur ses deux grains de beauté et le laissa lui respirer le cou. Cerise + sucre candi, cette fille était une vraie friandise. Sous ses doigts, la peau était douce comme le dessus des abricots. Des grains de beauté, il en avait plein d'autres. A chaque fois qu'elle ouvrait un bouton, elle souriait grand. Elle avait dessiné une étoile bleue sur le plat de sa main. Il posa les lèvres dedans.

Ce soir-là, elle ouvrit ses yeux trempés dans les plis de son oreiller. Elle avait une étoile violette sur la main le jour où il était parti. Il avait posé ses lèvres dedans. Depuis, elle sentait le feu de bois et les feuilles d'automne. Depuis, il fermait presque jusqu'en haut le col de ses chemises. Et puis, il ne mangeait plus d'abricots. Il était parti comme ça. Parce qu'elle sentait le musc et le bois de santal. Il sentait qu'on avait mordu dans sa tarte aux fruits. Alors il était allé mordre les hanches d'une autre. Qui n'avait même pas vu ses taches de cacao sur le cou.

Il ouvrit grands les yeux. Il serrait sa main. Depuis quelques temps, elle dessinait des étoiles minuscules au coin de ses yeux, des noires. Et avant qu'il ne se réveille, elle lui en faisait une, juste sur la nuque, au marqueur indélébile. Ils s'étaient retrouvés. Ce jour-là, elle regardait son cou, en remontant tout doucement vers la bouche. Elle sentait la lessive. Mais quand il l'embrassa, ses joues fleuraient l'orange, on était en hiver. Quand elle partait un peu trop loin, y'avait dans sa valise la carte complète de ses grains de beauté. Quand elle était revenue, elle avait trouvé son appartement rempli de petits flacons d'essence naturelle. Il avait dit "un pour chaque jour". Il y en avait quarante-deux.

Aujourd'hui, elle avait un tout petit peu vieilli. Il savait reconnaitre les jours où elle sentait la pluie, quand elle allait rire, sa bouche devenait rose bonbon. Quand il mettait ses lunettes pour lire, elle le regardait toujours beaucoup trop longtemps. Elle faisait deux petites taches de feutrine dans le cou de ses marionettes.

Elle avait un gros ventre, qui sentait la pomme d'api. Il manquait juste la tige dans son nombril. Ils l'appeleraient Lilas ou Elliot, ils savaient pas trop. Il ou Elle sentirait le lait au miel, et aurait plein de taches de rousseurs.

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